La fabrication additive est-elle trop banalisée ?

Gagner du temps et de l’argent quand on veut réaliser soi-même ses pièces par fabrication additive : c’est la promesse de ceux qui préconisent l’acquisition d’une machine en interne, plutôt que faire appel à un spécialiste.

Est-ce une promesse « de gascon », comme le dit l’expression ?

Soyons honnêtes : sur le papier, c’est en effet alléchant ! Pour une entreprise de taille modeste qui a besoin de produire des petites séries de pièces détachées, par exemple, cela paraît une excellente solution.

L’impression 3D – pour reprendre la formule « grand public » de la fabrication additive – s’est démocratisée, et elle véhicule beaucoup de fantasmes. Alors, oui, c’est un ensemble de technologies géniales – après tout, si nous en avons fait notre métier en créant APC3D, ce n’est pas sans raison ! J

Mais répondre aux sirènes pleines de promesses sans connaissance approfondie du sujet, c’est aller au-devant de nombreuses déconvenues…

Ce n’est pas aussi simple qu’on le pense !

Le défi de la fabrication additive

Pour les entrepreneurs qui décident de s’équiper en interne d’une machine à fabrication additive, il est normal de se laisser tenter par ces promesses ! Mais, si vous êtes vous-même dans cette situation et hésitez à faire l’acquisition d’une machine à fabrication additive, il vous faut bien comprendre que si, pour produire une pièce, vous allez pouvoir « vous en sortir », ce n’est pas la même chose que produire une pièce de qualité !

La machine est une chose. Celui qui la manie, qui la programme, qui connaît son fonctionnement sur le bout des doigts, ses possibilités et ses limites… en est une autre ! C’est un peu comme le néophyte qui se lance soudain dans l’écriture de son premier roman : a priori, l’outil principal, ce sont les mots. Et tout le monde les maîtrises, ça ne devrait pas être si dur ! Et pourtant…

Pourtant, ce sont des années de pratique, d’expériences, de ratés et de réussites qui donnent un résultat professionnel.

C’est un métier à part entière

La fabrication additive n’a rien d’une activité « de dilettante ». Avant tout, c’est un métier, qui demande une excellente maîtrise des technologies et des matériaux.

Vous avez pu constater, dans nos précédents articles, qu’il n’existe pas une technologie d’impression 3D, mais d’une bonne dizaine de procédés très différents, ayant chacun leurs spécificités : stéréolithographie, frittage laser, Polyjet…

Selon vos besoins et votre projet, seul un professionnel pourra vous conseiller la méthode la plus adaptée… et la mettre en œuvre, évidemment.

Les risques d’une acquisition en interne.

En achetant une imprimante 3D, un non spécialiste court le risque de :

  • se priver d’autres technologies sur le marché, car l’évolution est vraiment très rapide : en général, il y a des innovations tous les 3 à 5 ans!
  • Devoir former du personnel pour utiliser correctement la machine. Car, oui, sur des technologies sérieuses, cela demande des ressources !
  • Être obligé de produire beaucoup. Car, pour maîtriser parfaitement les propriétés mécaniques et esthétiques des pièces, il est nécessaire de produire beaucoup et de connaître parfaitement son outil de production.

Une banalisation contre-productive

Penser qu’il suffit d’acheter une machine et de lancer un fichier 3D dedans, cela relève de l’illusion. Même pour une imprimante « basique » à mille euros, vous devrez maîtriser les matériaux et la technique, qui n’est pas simple !

Par ailleurs, même en montant en gamme, les entreprises investissant sur des machines « sérieuses » de type SLS peuvent rencontrer ces deux types de problèmes :

  • Les machines ne fonctionnent pas assez régulièrement, ce qui peut causer des soucis de qualité ou de fonctionnement.
  • Le coût de réalisation des pièces peut être largement supérieur aux prévisions, par méconnaissance du processus.

Pour des pièces industrielles, vous pouvez oublier totalement les machines FDM (dépôt de filament) : certes, elles sont abordables, mais les pièces ne sont pas isotropes et peuvent être dangereuses lorsqu’elles sont utilisées à mauvais escient. Les solutions réellement industrielles coûtent plusieurs centaines de milliers d’euros ; même si, aujourd’hui, vous trouverez sur le marché des machines de frittage laser abordables et très sérieuses, pour environ cinquante mille euros.

En résumé, acquérir une machine à fabrication additive lorsqu’on n’est pas un spécialiste ne vous fera pas faire les économies espérées… Parfois, la sous-traitance n’est pas plus onéreuse, et vous aurez la garantie du résultat !